Rue de la Lune du Petit Théâtre Dakôté par la classe de 4ème du lycée agricole de Moulins
Nous sommes rentrés presque sur la scène, dans un décor gai et coloré, éclairé comme pour un spectacle. La répétition commence après que les comédiennes nous aient raconté le début du spectacle tout en installant leurs petits jardins d’agrément pliés dans des valises. Un homme emménage dans un lotissement mais il ne parvient pas à trouver sa maison normalement au numéro 6 de la rue jusqu’à ce que le chiffre 9 se renverse ! Il rencontre ses deux voisines qui encadrent sa maison aux numéros 4 et 8. Une d’entre-elles est veuve mais vit avec les cendres de son mari. Pourtant un jour elle met à la rue l’urne avec une valise pour pouvoir s’adonner à sa nouvelle passion amoureuse avec… avec un squelette !!! … Déjà, nous nous retrouvons bien loin de notre quotidien et du lycée, embarqués dans une histoire totalement loufoque !
Nous assistons alors aux mises au point méticuleuses de différents tableaux dont par exemple la scène des coupures d’électricité intempestives provoquées par un individu espiègle, vêtu d’une côte blanche, et qui empêche le nouveau résident de regarder sa télé. C’est une saynète qui se répète pour créer l’effet de gag ! L’autre gag, c’est l’alarme incendie qui se déclenche au Parc de la Mothe et dont les élèves ne savent pas si elle fait partie du spectacle !!! … en tout cas, on nous demande de sortir pour finalement devoir vite revenir s’asseoir dans le théâtre. Nous comprenons que le spectacle serait muet car toutes les interactions entre les personnages se déroulent sans dialogues ni monologues, et leur jeu est seulement accompagné de bruitages et de musiques. Christophe Bihel nous parle des films muets de Buster Keaton et de Tati dont les noms ne disent rien aux élèves sauf ceux de Charlie Chaplin et son célèbre Charlot. Il faudrait peut-être que je leur montre assez vite Mon Oncle de Jacques Tati ? La compagnie doit s’étonner de notre réserve car nous n’étions pas plus bavards que les personnages de la pièce, sans doute ne sachant quoi dire de ce qui nous a été montré. Nous avons retenu qu’en l’absence de textes et présenté par bribes, les bouts d’histoire sans lien étaient difficiles à suivre et qu’il nous fallait attendre la représentation pour comprendre de quoi il retournerait dans ce décor tout en miniature et en mouvement…
Nous voilà donc partis ce vendredi 30 novembre à la toute première du spectacle, la scolaire de 14h30, cette fois à Yzeure Espace où nous sommes rejoints par des élèves du lycée Jean Monnet et où on nous installe tout près de la scène. Nous reconnaissons le décor avec ses maisons toutes pareilles, les accessoires tous à leur place, l’atmosphère de ce lotissement rue de la Lune nous est familière. Vinrent alors nos trois voisins dans leurs costumes de scène dont certains sont même coiffés de perruques et aussi le facteur que nous n’avions pas rencontré, bref les personnages qui se retrouvent dans une succession de situations farfelues autant que burlesques. Dans cet univers comme magique, les gags se suivent sans pourtant créer la surprise faisant seulement sourire les élèves qui s’attendaient à s’esclaffer. Nous savions déjà ce qui allait se dérouler même si parfois, des évènements surnaturels survenaient pour nous surprendre. En classe, nous avons reparlé du spectacle et nous avons rédigé la critique suivante :
Parfois, des longueurs…
Problème de rythme : des scènes trop longues surtout au début comme par exemple les cartons, la fête surprise et même la scène des voleurs…
On entre difficilement dans l’histoire où déjà il n’y pas de paroles
Certaines scènes sont sans intérêt : l’attaque du chien
C’est bien fait de A à Z, ils ont tout créé eux même !
C’est un vrai travail…
Problème de rythme : des scènes trop longues surtout au début comme par exemple les cartons, la fête surprise et même la scène des voleurs…
On entre difficilement dans l’histoire où déjà il n’y pas de paroles
Certaines scènes sont sans intérêt : l’attaque du chien
C’est bien fait de A à Z, ils ont tout créé eux même !
C’est un vrai travail…
Cette rencontre a été enrichissante pour des élèves qui ne sont jamais allés ou qui vont si peu au Théâtre. Nous avons presque touché les comédiens comme si nous étions nous aussi dans le décor et ainsi nous avons pu apprécier ce qu’est un spectacle vivant en chair et en os ! Nous avons pris conscience qu’au théâtre, les gags et les trucages, même calés au millimètre près, peuvent manquer leur effet et là, pas de subterfuges comme au cinéma où le rythme provient du montage. Nous savons le temps nécessaire pour créer une scène entre tous les acteurs ou même la difficulté technique à faire se lever le soleil ou se coucher la lune ! Nous avons apprécié le travail des comédiens qui ont dépensé une énergie folle pour que tout soit parfait.
Ce qui semble avoir le plus perturbé les élèves, c’est l’absence de dialogues car il leur a fallu négocier et s’entendre pour nommer les personnages et les évènements : le grincheux, les voleurs, la folle, le chien ou le loup, la bagarre… C’est sans doute pourquoi les représentations dessinées portent essentiellement sur le décor et non sur les personnages, qu’ils soient vivants ou irréels, ni non plus sur le quotidien urbain dans cette rue de la lune ?
Maintenant qu’il va falloir se mettre au travail pour créer Matin Brun de Pavloff, les élèves ont tous affirmé qu’il y aurait des paroles et du texte car c’est trop difficile pour le public de comprendre un spectacle muet. A leur tour de jouer, d’interpréter un rôle, de parler car même si les voix sont off, ce sera les leurs… !
Catherine Porte et les élèves de 4ème de l’année scolaire 2012-2013